mercredi 20 juillet 2011

Mercredi 20 Juillet 2011
Juste le temps de poser les valises et de passer la nuit à Nha-Trang que nous voilà reparti ce midi à Ninh Hoa dans la maison native de Vinh, ou habite toujours sa famille. L’après midi se passe tranquillement à discuter et regarder les photos

Le chapeau conique vietnamien

Les premières traces du chapeau conique peuvent être décelées dans les dessins gravés sur les tambours de bronze de Ngoc Lu et les jarres de bronze de Dào Thinh qui datent de 2 à 3 millénaires. La légende raconte que le Génie Giong chassant l’envahisseur Ân portait un chapeau conique en fer qui résistait aux flèches.Les Vietnamiens ont fabriqué de nombreuses espèces de chapeau conique à l’intention des âges et des positions sociales différentes. Pham Dinh Hô (18e siècle) en a mentionné dix dans ses chroniques “Au gré de mon pinceau, en temps de pluie”. Plusieurs espèces ont disparu : le « ngoan xác » pour les vieux gens, le « phuong dâu dai » pour les étudiants, le « tiêu liên diêp » pour les enfants, le « cô châu » pour les citadins, le « xuân lôi » pour les paysans, le « trao » pour les soldats, le « viên dâu » pour pour les servantes et femmes de soldats, le « câu diên » pour les bonzes.
Au 19e siècle, sont apparues des espèces désignées selon la matière première employée les chapeaux de plumes (d’oie), d’ananas (feuilles), de laque (bambou laqué, pour les gens de mer), ou selon la forme : chapeaux : patte d’éléphant, de museau de bœuf (pour les coolies de pousse), de panier… Certains chapeaux portent le nom de l’endroit de production : chapeaux Thanh (province de Thanh Hoa), Nghê (Nghê An), Huê, Chuông (village de Hà Tây)…
Une Rue de Hanoi s’appelle Rue des Chapeaux coniques (Phô Hàng Nón) qui se spécialisait dans la vente de cet article.
Les chapeaux coniques pour femmes emploient comme matières premières les feuilles de latanier, les spathes, d’aréquier et les fils de móc pris dans la forêt.
En premier lieu, il faut traiter les feuilles de latanier. Celles-ci vertes et plissées, doivent être étendues sous une plaque de fer chauffée à point pour être repassées sans être brûlées, on blanchit leur couleur jaune en les exposant à la fumée du soufre qui les protègera contre la moisissure.
Les cercles d’armature, 16 par chapeau, sont taillés dans des tiges de bambou fumées pour être préservées contre les insectes et les termites. La beauté du chapeau dépend de l’adresse avec laquelle les feuilles sont cousues. Les nœuds de couture doivent être cachés derrière les feuilles.
Il y a plusieurs manière de décorer les chapeaux. Le plus simple consiste à coller sur son intérieur des morceaux de papier, motifs floraux en couleur. Les jugulaires ajoutent du charme. Elles sont choisies d’après l’âge : blanches ou roses pour les jeunes filles, les couleurs foncées pour les vieilles personnes, violettes pour les épouses et les fiancées de guerre qui voulaient montrer leur fidélité à leur aimé au front. Le village Triêu Khuc (Thanh Tri) se spécialise dans la fabrication des jugulaires pour chapeaux plats que les femmes mariées et les femmes nobles portaient à l’occasion des fêtes (sous les Nguyên au 19e siècle). Aujourd’hui, ces chapeaux ne sont employés que sur la scène.
Parfois, à l’intérieur, au sommet du chapeau, un petit miroir sert la coquetterie féminine. Ce qui demande le plus de peine et d’adresse, c’est de créer des silhouettes de fleurs, de paysages, des poèmes en idéogrammes, qui ne se voient que quand on tient le chapeau contre le soleil. Ce genre de chapeau s’appelle « chapeau-poésie ». Certains amoureux offrent à leur aimée un chapeau avec un poème de son choix. Quand sa fille quitte à la cérémonie du mariage, la mère lui donne comme souvenir un chapeau conique.
Le chapeau conique n’est pas un simple moyen de protection contre la pluie et le soleil. Il fait partie de la vie quotidienne. Il sert de siège quand on s’asseoit en cours de route. Il remplace l’éventail pendant les travaux champêtres. Il sert à puiser l’eau du puits ou de la mare pour se désaltérer ou pour se laver le visage. Quand on va au marché, il fait office de sac pour mettre les marchandises achetées.
Dans le Quan họ de Bac Ninh, chant alterné entre filles et garçons, la femme se munit toujours d’un chapeau plat pour se cacher le visage quand elle chante les paroles d’amour.
Dans les présentations de mode féminine, les mannequins portent toujours un chapeau conique quand elles se montrent en costume national.
Dans la vie fiévreuse des villes, le chapeau conique est employé de moins en moins. Mais à la campagne, il est toujours présent avec son usage polyvalent.